Quatre livres lesbiens de la rentrée littéraire 2018

Pour la rentrée littéraire de cette année — entre mi-août et octobre — 567 livres vont être publiés. Quatre romans lesbiens ont attiré mon attention et m’ont fait voyager : en France, en Algérie, au Nigéria, du début du 20e siècle à nos jours. Quelle sera ta prochaine destination ?

Si tu es dans le placard et tu n’as pas envie que tes livres lesbiens se remarquent, j’ai précisé si le sujet du livre était visible.

Sous les branches de l’udala de Chinelo Okparanta (Belfond)

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Le roman de Chinelo Okparanta commence au cœur de la guerre du Biafra à la fin des années 60. Ijeoma fuit la ville après la mort de son père et rencontre Amina, dont elle tombe amoureuse. Ijeoma découvre son homosexualité dans un pays où c’est considéré comme un péché. Sous les branches de l’udala est un roman très émouvant qui tient ses lectrices en haleine, j’étais inquiète pour Ijeoma pendant tout le livre. Attention, Amina n’apparaît pour la première fois qu’au bout d’une centaine de pages donc ça peut surprendre si tu préfères les livres lesbiens qui entrent rapidement dans le vif du sujet. L’homosexualité est certes un sujet central, mais il y en a d’autres comme la guerre, la famille et la religion.

Avertissement : C’est évident vu le contexte du livre, mais je précise quand même qu’il y a des scènes violentes (sans trop de détails) notamment un meurtre et un viol.

Est-ce que ça se voit que c’est un livre lesbien ? Sur le premier rabat c’est écrit que l’autrice a gagné un prix de littérature lesbienne et la quatrième de couverture dit que c’est une histoire d’amour entre deux femmes.

À lire : « Sous les branches de l’udala », le roman précieux de la rentrée (Terrafemina)


Tous les hommes désirent naturellement savoir de Nina Bouraoui
(JC Lattès)
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Le dernier roman de Nina Bouraoui est comme une mosaïque, constitué de courts fragments de souvenirs, d’émotions — les chapitres font rarement plus de deux pages — entre son enfance en Algérie et la découverte du milieu lesbien parisien dans les années 1980. Elle observe la violence autour d’elle, les préjugés dont ses parents sont victimes, les problèmes de drogue d’une de ses amies, l’homophobie intériorisée qui l’empoisonne elle aussi tout au long du livre. Les chapitres très courts, qui ne suivent pas un ordre chronologique, peuvent dérouter et incitent la lectrice à se laisser porter par le courant plutôt qu’à reconstituer l’histoire.

Est-ce que ça se voit que c’est un livre lesbien ? Non.

À écouter : « La France c’est le vêtement que je porte, l’Algérie c’est ma peau livrée au soleil et aux tempêtes » (France Culture)
À lire : Ses interviews dans Le Monde, Têtu et Jeanne Magazine


Ça raconte Sarah de Pauline Delabroy-Allard (Les éditions de minuit)

zoom-ca-raconte-sarahJe n’avais pas prévu de lire ce roman au début mais, les critiques dithyrambiques fleurissant un peu partout, je n’ai pas pu m’en empêcher. Ça raconte l’histoire d’amour entre la narratrice et Sarah, marchant sur le fil entre passion et relation toxique. Si l’histoire est plutôt intéressante, le style m’a vraiment empêché de m’attacher aux personnages. Il n’y a quasiment pas de dialogues, donc j’avais l’impression de regarder l’action à travers une vitre plutôt que de la vivre. C’est peut-être voulu — la majorité du livre étant un flashback — mais ça m’a frustrée.

Est-ce que ça se voit que c’est un livre lesbien ? Non.

À écouter : Ça raconte un premier roman (France Culture)


Janet de Michèle Fitoussi (JC Lattès)
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Cette biographie retrace la vie de Janet Flanner, une journaliste américaine qui quitte New York avec sa compagne dans les années 1920, en quête d’inspiration et d’un endroit où elles pourraient s’aimer sans se cacher. Janet devient correspondante à Paris pour le New Yorker et fréquente de nombreux écrivains et artistes. J’ai découvert Janet Flanner grâce à ce livre très accessible qui n’élude pas son homosexualité et contient beaucoup de références à ses chroniques, livres et interviews, ce qui me donne envie de fouiller pour en savoir plus. C’est aussi l’occasion d’avoir un aperçu du milieu lesbien de l’époque et des différentes femmes qui le fréquentaient.

Est-ce que ça se voit que c’est un livre lesbien ? C’est mentionné que Janet Flanner aime les femmes sur le premier rabat de la jaquette.

À regarder : Michèle Fitoussi présente « Janet » (Hachette France)


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